Passé un certain cap, nombreuses sont les femmes qui expriment un malaise diffus face à leur image. Une garde-robe qui ne leur correspond plus, des envies qui changent, une silhouette qui évolue, un style qui semble désaccordé avec ce qu’elles deviennent.
Ce sentiment n’est pas qu’une question d’apparence. Il touche à quelque chose de plus profond : le besoin de faire évoluer son image extérieure en cohérence avec sa transformation intérieure.
À partir de 40 ans, l’enjeu n’est pas de “rajeunir” (40 ans, c’est très jeune !) ou de “se relooker”, mais de réaffirmer son identité visuelle à travers une nouvelle lecture de soi, lucide, apaisée, assumée.
Une Décennie de Transition Identitaire
De nombreuses études soulignent que le passage des 40 ans correspond à un moment charnière dans le développement personnel.
La quarantaine (avant la cinquantaine 😉 ) marque souvent une phase de réévaluation : réinterprétation des choix passés, affirmation de nouvelles priorités, désir de cohérence.
Chez les femmes, cette période est souvent associée à plusieurs transitions :
- Changements professionnels (prise de responsabilités, reconversion, entrepreneuriat)
- Évolution familiale (départ des enfants, recomposition, maternité tardive)
- Modifications corporelles (prise ou perte de poids, apparition de signes de l’âge, changements hormonaux)
- Le dépassement d’épreuves qui rapprochent de l’essentiel
Autant de facteurs qui peuvent bousculer la relation au corps et à l’image.
L’image comme Expression de l’Identité
Contrairement à une idée reçue, notre style vestimentaire n’est pas figé : il évolue avec nous. Loin d’être anecdotique, il traduit des dimensions profondes de l’identité (Crane, Fashion and Its Social Agendas, 2000).
Or, de nombreuses femmes ressentent à partir de 40 ans un décalage entre l’image qu’elles donnent et celle qu’elles souhaitent transmettre.
Elles oscillent alors entre deux extrêmes :
- Le renoncement esthétique (considérant qu’après un certain âge, “cela n’a plus d’importance”)
- La quête de conformité (en essayant de “ressembler à ce qu’elles étaient”)
Ni l’un ni l’autre ne permet une expression juste. Il s’agit plutôt de trouver un nouveau langage visuel, fidèle à qui l’on est devenue, en prenant en compte les évolutions du corps, des goûts et du rôle social.
Une Démarche entre Continuité et Affirmation
Redéfinir son image à ce stade de vie ne signifie pas repartir de zéro. C’est une démarche d’actualisation plus que de transformation radicale.
Elle peut s’articuler autour de trois axes :
1. Identifier les constantes de son identité visuelle
Certaines lignes, certaines matières, certaines couleurs ont accompagné une femme depuis longtemps. Elles constituent des repères. Les repérer permet de préserver une forme de continuité.
Ce travail fait écho aux recherches sur le “soi possible” (Markus & Nurius, 1986) : il s’agit de relier ce que l’on a été, ce que l’on est, et ce que l’on souhaite incarner.
2. Assumer les évolutions corporelles et symboliques
Le corps change, c’est un fait. Mais ce changement peut devenir un appui, à condition de cesser de le lire à travers le prisme du déficit.
Des approches telles que la colorimétrie ou l’analyse morphologique permettent de réactualiser ses choix vestimentaires à partir de critères objectifs, non stigmatisants.
Il ne s’agit pas de s’adapter à des normes, mais de mieux comprendre comment se mettre en valeur sans dissimuler.
3. Choisir ce que l’on veut exprimer aujourd’hui
À 40 ans et au-delà, le style peut devenir un acte de positionnement. Il ne s’agit plus seulement de plaire ou de se conformer, mais de signifier :
- Une forme de solidité
- Une autorité douce
- Une liberté de ton ou de mouvement
Comme le souligne la chercheuse Jennifer Craik dans The Face of Fashion (1994), le vêtement est un langage. Il encode des messages sociaux, mais peut aussi devenir un outil d’émancipation, lorsque ses codes sont maîtrisés consciemment.
L’accompagnement en Image : un Cadre pour Se Repositionner
Faire ce travail seule peut s’avérer difficile.
L’accompagnement en conseil en image – à condition qu’il soit éthique, non normatif et centré sur la personne – offre un cadre propice pour :
- Observer son image avec recul et objectivité
- Mettre à jour ses repères stylistiques
- Expérimenter sans pression
- Oser réinvestir des territoires esthétiques délaissés (couleurs, coupes, accessoires)
- Se reconnecter à un plaisir souvent mis entre parenthèses : celui de s’habiller pour soi
Dans cette optique, l’image devient un miroir ajusté : non plus un masque, mais un reflet plus fidèle, plus nuancé, plus affirmé.
Conclusion
Redéfinir son image après 40 ans ne relève pas de la coquetterie, ni du rajeunissement artificiel. C’est un acte d’ajustement identitaire, un travail d’affirmation, parfois même une réparation.
Il ne s’agit pas de devenir quelqu’un d’autre, mais d’honorer ce que l’on est devenue.
À cette étape de vie, l’image n’est plus une affaire de conformité : elle devient un outil de cohérence et d’expression. Un levier pour se sentir alignée, légitime, présente.
Spoiler alert !! Il y aura encore d’autres étapes à venir !
Références citées :
- Levinson, D. J. (1978). The Seasons of a Man’s Life.
- Markus, H. & Nurius, P. (1986). Possible selves. American Psychologist, 41(9), 954–969.
- Crane, D. (2000). Fashion and Its Social Agendas: Class, Gender, and Identity in Clothing.
- Craik, J. (1994). The Face of Fashion: Cultural Studies in Fashion.
- Bartky, S. (1990). Femininity and Domination.
- Goffman, E. (1959). The Presentation of Self in Everyday Life.

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